« Deux ans ont passé. Depuis, mon fils n’a ni appelé ni envoyé de message » : Il ne veut pas me voir. Mais je ne rajeunis pas, j’aurai bientôt 70 ans

Madame Dupont vit dans une petite maison pittoresque au bout de notre rue. À 69 ans, c’est une femme vive avec un sourire chaleureux et une étincelle dans les yeux. Malgré son âge, elle entretient son jardin avec soin et prépare souvent les biscuits les plus délicieux. Je lui rends visite de temps en temps, apportant des pâtisseries ou une baguette fraîche à partager autour d’un thé.

Nos conversations sont toujours agréables. Mme Dupont a beaucoup voyagé et possède un trésor d’histoires de ses aventures à travers le monde. Elle parle avec tendresse des endroits qu’elle a visités et des personnes qu’elle a rencontrées. Cependant, il y a un sujet qu’elle évite généralement : sa famille.

Un après-midi pluvieux, alors que nous étions assises près de la fenêtre à regarder les gouttes de pluie glisser sur le verre, Mme Dupont semblait plus pensive que d’habitude. Après un long silence, elle soupira profondément et commença à parler.

« Vous savez, ma chère, » dit-elle, sa voix teintée de tristesse, « cela fait deux ans que je n’ai pas eu de nouvelles de mon fils. »

J’étais stupéfaite. Je n’avais aucune idée qu’elle avait un fils, encore moins qu’ils étaient éloignés.

« Il s’appelle Michel, » continua-t-elle. « Il a toujours été un garçon brillant, plein de vie et d’ambition. Il est parti à Paris pour ses études et a décidé d’y rester après avoir obtenu son diplôme. Il a trouvé un bon travail, s’est fait de nouveaux amis et a construit sa vie. »

Elle s’arrêta, les yeux embués de larmes. « Nous étions si proches autrefois. Il m’appelait chaque semaine et nous parlions pendant des heures. Mais quelque chose a changé. Il a commencé à appeler moins souvent, et nos conversations sont devenues plus courtes et plus tendues. »

J’écoutais attentivement, le cœur serré pour elle.

« Il y a deux ans, » dit-elle, la voix brisée, « nous avons eu une terrible dispute. Je ne me souviens même plus de quoi il s’agissait maintenant, mais c’était assez grave pour qu’il arrête complètement d’appeler. J’ai essayé de le contacter—j’ai appelé, envoyé des lettres, même essayé par email—mais il ne répond jamais. »

Elle essuya une larme qui avait coulé sur sa joue. « Je ne sais pas ce que j’ai fait de mal. Peut-être que j’étais trop autoritaire ou trop critique. Mais quoi qu’il en soit, il ne veut plus me voir. »

Je lui pris la main pour lui offrir un peu de réconfort.

« Je ne rajeunis pas, » dit-elle doucement. « J’aurai bientôt 70 ans, et je ne sais pas combien de temps il me reste. J’aimerais juste pouvoir le voir une dernière fois, lui dire combien je l’aime et combien je suis désolée pour ce que j’ai pu faire. »

La pièce tomba dans le silence alors que nous restions là, perdues dans nos pensées. La pluie continuait de tambouriner contre la fenêtre, une bande sonore mélancolique à la tristesse de Mme Dupont.

En quittant sa maison ce jour-là, je ne pouvais pas me débarrasser du sentiment de tristesse qui m’avait envahie. L’histoire de Mme Dupont était un rappel brutal de la fragilité des relations et de l’importance de chérir le temps que nous avons avec nos proches.

Dans les jours qui suivirent, je pris soin de rendre visite à Mme Dupont plus souvent. Nous continuâmes nos séances de thé et partagions encore plus d’histoires, mais l’ombre de son éloignement avec Michel planait toujours en arrière-plan.

Malgré mes efforts pour lui remonter le moral, je savais que rien ne pouvait combler le vide laissé par l’absence de son fils. Et autant que je souhaitais une fin heureuse à son histoire, il semblait que certaines blessures étaient trop profondes pour guérir.