« Grandir dans la Pauvreté : Ma Mère et Ma Grand-mère Comptaient Chaque Centime »
En grandissant dans un petit appartement délabré au cœur de Paris, j’ai appris les dures réalités de la vie dès mon plus jeune âge. Ma mère et ma grand-mère étaient les piliers de mon monde, et elles faisaient tout ce qu’elles pouvaient pour s’assurer que j’avais ce dont j’avais besoin, même si cela signifiait compter chaque centime.
Ma mère travaillait à deux emplois, l’un comme caissière dans une épicerie locale et l’autre comme femme de ménage dans un immeuble de bureaux au centre-ville. Elle quittait la maison avant le lever du soleil et revenait bien après son coucher. Malgré son emploi du temps épuisant, elle trouvait toujours le temps de m’aider avec mes devoirs et de me border le soir. Ma grand-mère, qui était trop âgée pour travailler, s’occupait de moi pendant la journée. Elle préparait des repas simples, souvent en faisant durer un seul poulet toute la semaine, et raccommodait mes vêtements jusqu’à ce qu’ils soient plus de patchs que de tissu.
Nous vivions dans la peur constante de l’expulsion. Le propriétaire était un homme sévère qui avait peu de patience pour les paiements en retard. Je me souviens des nuits où ma mère s’asseyait à la table de la cuisine, les factures étalées devant elle, les larmes coulant sur son visage alors qu’elle essayait de trouver comment joindre les deux bouts. Ma grand-mère s’asseyait à côté d’elle, offrant des mots de réconfort et glissant parfois quelques billets froissés qu’elle avait réussi à économiser de ses chèques de sécurité sociale.
Un jour, quand j’avais environ dix ans, j’ai eu le courage de demander à ma mère des informations sur mon père. Elle avait toujours été évasive sur le sujet, mais ce jour-là, elle m’a fait asseoir et m’a dit la vérité. Mon père savait que j’existais, mais il avait sa propre famille et des enfants. Il les avait choisis eux plutôt que nous. Cette révélation m’a frappé comme une tonne de briques. J’ai ressenti un mélange de colère, de tristesse et de confusion. Pourquoi n’étais-je pas assez bien pour lui ? Pourquoi nous avait-il abandonnés ?
En grandissant, le poids de nos difficultés financières est devenu plus apparent. J’ai commencé à faire des petits boulots dans le quartier—tondre les pelouses, déblayer la neige, tout ce qui pouvait rapporter quelques euros supplémentaires. Malgré nos meilleurs efforts, il y avait des moments où nous devions compter sur les banques alimentaires et les organisations caritatives pour nous en sortir. La honte de faire la queue pour une aide alimentaire était quelque chose à laquelle je ne me suis jamais habitué.
Le lycée a été une période particulièrement difficile pour moi. Alors que les autres enfants se préoccupaient du bal de promo et des matchs de football, je m’inquiétais de savoir si nous aurions assez d’argent pour payer le loyer. Je me sentais souvent isolé et différent de mes camarades. Ils ne comprenaient pas ce que c’était que d’aller se coucher le ventre vide ou de porter les mêmes vêtements jour après jour parce qu’on ne pouvait pas se permettre d’en acheter de nouveaux.
Malgré les difficultés, ma mère et ma grand-mère m’ont toujours encouragé à bien travailler à l’école. Elles croyaient que l’éducation était mon billet pour sortir de la pauvreté. J’ai étudié dur et réussi à obtenir des notes correctes, mais l’université semblait être un rêve inaccessible. Nous n’avions tout simplement pas l’argent pour les frais de scolarité, et l’idée de contracter des prêts étudiants massifs était terrifiante.
Après avoir obtenu mon diplôme du lycée, j’ai pris plusieurs emplois mal payés pour aider à subvenir aux besoins de ma famille. Le cycle de la pauvreté semblait incassable. Ma mère continuait à se tuer à la tâche, et la santé de ma grand-mère commençait à se détériorer. Le stress et la pression de notre situation ont eu des répercussions sur nous tous.
Les années ont passé, et rien ne semblait changer. Mes rêves d’une vie meilleure restaient juste cela—des rêves. Ma mère et ma grand-mère sont décédées à un an d’intervalle, me laissant seul au monde. Le chagrin était accablant, mais tout autant le sentiment de désespoir. Sans elles, je me sentais perdu.
Aujourd’hui, je vis toujours dans ce même petit appartement à Paris. Les murs sont remplis de souvenirs de lutte et de sacrifice. Je continue à travailler plusieurs emplois juste pour garder un toit au-dessus de ma tête et de la nourriture sur la table. Le cycle de la pauvreté est implacable, et s’en libérer semble impossible.