« Le Rigoureux Amour de Papi Georges : Une Semaine de Leçons pour Petits-Enfants Râleurs »
C’était le début de l’été lorsque Mamie Hélène a décidé de rendre visite à sa sœur en Provence, nous laissant avec Papi Georges dans leur vieille ferme en Normandie. Ma cousine Camille et moi étions d’abord enchantées ; les étés à la ferme signifiaient des aventures en plein air sans fin, du moins le pensions-nous. Cependant, Papi Georges avait d’autres plans cette fois-ci.
Le premier signe de changement est survenu dès le petit déjeuner le premier matin après le départ de Mamie. Au lieu des habituelles crêpes et du bacon, Papi Georges a préparé un repas simple de porridge et de fruits. « Cet été, » annonça-t-il de sa voix grave, « sera consacré à l’apprentissage de la discipline et de la responsabilité. »
Camille et moi nous sommes regardées. La discipline n’était pas vraiment ce que nous avions en tête.
Le nouveau régime était dur. Chaque matin, Papi Georges nous réveillait à l’aube. La liste des corvées semblait interminable : nourrir les poules, désherber le jardin, nettoyer la grange, et plus encore. Lorsque nous avions fini, la moitié de la journée était déjà passée. Nos protestations étaient accueillies par des regards sévères et des rappels sur la valeur du travail acharné.
Nos après-midis, auparavant remplies de baignades dans le lac ou d’explorations des bois, étaient désormais consacrées à des activités plus structurées. Papi Georges, un instituteur à la retraite, insistait pour nous donner des cours de maths et d’histoire, des sujets que nous étions plus qu’heureuses d’oublier pendant les vacances. Les leçons étaient rigoureuses et les quiz qui suivaient l’étaient encore plus.
« Je vous prépare au monde réel, » disait Papi Georges en remontant ses lunettes. « La vie n’est pas qu’un jeu. »
Camille, d’habitude la plus rebelle de nous deux, a tenté de discuter. « Mais c’est l’été, Papi ! On est censés s’amuser ! » Ses plaintes, cependant, tombaient dans l’oreille d’un sourd.
Au fil des jours, la résistance initiale que nous ressentions s’est transformée en routine monotone. Notre moral s’est affaibli, et la joie de l’été semblait s’évaporer avec chaque jour qui passait. Mamie Hélène nous manquait, ainsi que l’équilibre qu’elle apportait à la rigueur de Papi Georges.
Finalement, le jour est arrivé pour le retour de Mamie Hélène. Nous attendions son arrivée avec un mélange de crainte et de soulagement, incertains de sa réaction face aux changements. Lorsque sa voiture est entrée dans l’allée, nous nous sommes précipitées à sa rencontre, espérant qu’elle partage notre mécontentement et compatisse à notre situation.
Cependant, la réaction que nous avons reçue n’était pas celle que nous espérions. Après une rapide visite de la maison et de la ferme, inspectant notre travail et l’installation d’enseignement de Papi Georges, Mamie Hélène s’est tournée vers nous avec un sourire.
« Vous avez fait un travail formidable, » a-t-elle félicité Papi Georges, qui se gonflait légèrement la poitrine. « Je suis fière de vous deux pour avoir tenu bon pendant les leçons et les corvées. »
Nos cœurs se sont affaissés. L’alliée que nous espérions trouver en Mamie était du côté de Papi Georges. L’été de plaisir que nous avions imaginé s’était transformé en un camp d’entraînement.
Alors que Mamie déballait ses affaires, Camille et moi nous sommes retirées dans notre chambre, notre conversation mêlant incrédulité et résignation. Les leçons allaient continuer, et il semblait que notre été était perdu. Papi Georges, bien qu’ayant peut-être de bonnes intentions, avait volé notre précieuse liberté avec son amour rigoureux, et le retour de Mamie Hélène n’avait rien changé.