« Ma mère pleure parce que je ne la laisse pas s’occuper de moi » : Comment sa surprotection nous nuit à tous les deux
« Ma mère pleure parce que je ne la laisse pas s’occuper de moi » : Comment sa surprotection nous nuit à tous les deux
Dès que j’ai pu marcher et parler, ma mère, Ariane, était mon ombre. Sa présence était constante et son implication dans ma vie, accablante. Elle choisissait les dessins animés que je regardais, les jouets avec lesquels je jouais, et même les enfants avec lesquels je devais me lier d’amitié. En grandissant, son emprise ne s’est pas relâchée ; elle s’est renforcée.
Vers dix ans, je me souviens être rentré de l’école et avoir trouvé un nouveau set de figurines d’action sur mon lit. C’étaient les plus récentes et les plus populaires, mais je ne les avais pas demandées. Maman avait remarqué que je jouais avec des jouets similaires chez mon ami Jacques et avait décidé que je devais avoir le meilleur set. Cela pourrait sembler être un rêve pour n’importe quel enfant, mais pour moi, c’était un autre rappel que mes choix n’étaient pas vraiment les miens.
Au collège, les choses se sont intensifiées. Maman restait en retrait pendant mes entraînements de football, encourageant bruyamment, parfois même me dirigeant depuis la touche comme si l’entraîneur n’était pas là. Une fois, elle a discuté avec l’entraîneur Bruno sur le fait qu’il ne me laissait pas jouer assez, provoquant une scène qui a fait ricaner mes coéquipiers pendant des semaines. J’aimais le football, mais j’ai commencé à redouter chaque entraînement et chaque match.
Le lycée a apporté de nouveaux défis. Maman choisissait mes cours, parlait à mes professeurs de mes devoirs, et si elle avait pu, elle se serait assise à côté de moi en classe. J’ai commencé à résister, insistant pour faire mes propres choix. J’ai choisi un cours de design graphique plutôt que le calcul avancé qu’elle voulait. C’était mon premier véritable acte de rébellion, et cela faisait du bien, même si c’était une petite victoire.
Mais à chaque pas que je faisais vers l’indépendance, Maman le prenait comme une offense personnelle. Elle ne comprenait pas pourquoi je ne voulais pas qu’elle choisisse ma tenue de bal ou pourquoi je ne la consultais pas pour mes candidatures universitaires. « Je veux juste t’aider », disait-elle, les larmes aux yeux. « Pourquoi ne me laisses-tu pas prendre soin de toi ? »
Nos disputes sont devenues plus fréquentes et plus intenses. Je me sentais coupable de la rendre triste, mais étouffé par son amour. Ce n’était pas du soin ; c’était du contrôle. Quand j’ai choisi une université dans un autre département, elle était dévastée. Elle voyait cela comme une trahison, pas comme un accomplissement.
Le jour où je suis parti pour l’université, Maman n’est pas venue me dire au revoir. Elle est restée dans sa chambre, en pleurs. Papa a dit qu’elle avait l’impression que je l’abandonnais. Je comprenais sa douleur, mais je savais aussi que je devais vivre ma propre vie. Je devais faire mes propres erreurs, choisir mon propre chemin.
Maintenant, assis dans ma chambre d’université, loin de chez moi, je ressens un mélange de soulagement et de tristesse. Elle me manque, mais j’ai aussi peur de revenir. Notre relation s’est effilochée, endommagée par des années d’amour bien intentionné mais étouffant. Je me demande si nous trouverons un jour un moyen de la réparer, de redéfinir ce que cela signifie pour nous de prendre soin l’un de l’autre.
En regardant vers l’avenir, je suis optimiste mais réaliste. La guérison, je le sais, pourrait ne pas être facile ni rapide. Et peut-être, elle pourrait ne jamais venir du tout.