« Pourquoi es-tu soudainement devenu si attentionné, tu veux l’héritage ? » demanda Grand-mère

Harold était assis dans son petit appartement encombré du centre de Paris, fixant son téléphone. Il venait de recevoir un autre message de sa grand-mère, Élise, qui vivait dans une banlieue tranquille. Le message était simple mais chargé d’émotion : « Pourquoi es-tu soudainement devenu si attentionné, tu veux l’héritage ? »

Harold soupira profondément. Il avait toujours été proche de sa grand-mère, mais la vie s’était mise en travers de son chemin. Le travail, les relations et l’agitation de la vie citadine l’avaient empêché de lui rendre visite aussi souvent qu’il aurait dû. Mais maintenant, avec la santé d’Élise déclinante, il ressentait un nouveau sens des responsabilités.

« Pourquoi refuses-tu de venir nous voir ? » demanda Eugène, l’ami d’Harold, qui avait écouté sa partie de la conversation. « L’air est plus pur et plus frais en dehors de la ville, Madeleine prendra soin de toi, et les voisins sont médecins. Je serai avec toi. »

Harold savait qu’Eugène avait raison. La banlieue où vivait sa grand-mère était à des années-lumière du bruit et de la pollution de Paris. C’était un endroit où il pouvait respirer facilement et où sa grand-mère pouvait recevoir les soins dont elle avait besoin. Mais quelque chose le retenait.

« Elle pense que je viens seulement parce que je veux son héritage, » dit Harold, la voix teintée de frustration. « Je ne sais pas comment la convaincre que je me soucie vraiment d’elle. »

Eugène hocha la tête avec sympathie. « C’est difficile quand les gens pensent que tu as des arrière-pensées. Mais peut-être que si tu lui montres que tu es là pour elle, elle finira par comprendre. »

Harold décida de suivre le conseil d’Eugène. Il fit ses valises et entreprit le trajet d’une heure jusqu’à la maison de sa grand-mère. En arrivant dans l’allée, il ressentit une pointe de culpabilité pour ne pas avoir rendu visite plus souvent.

Élise l’accueillit à la porte avec un mélange de surprise et de suspicion. « Que fais-tu ici ? » demanda-t-elle, les yeux plissés.

« Je voulais te voir, Grand-mère, » dit Harold en forçant un sourire. « Tu m’as manqué. »

L’expression d’Élise s’adoucit légèrement, mais elle semblait toujours méfiante. « Entre, » dit-elle en s’écartant pour le laisser entrer.

La maison sentait la lavande et les vieux livres, une odeur réconfortante qui rappelait à Harold son enfance. Il suivit Élise dans le salon où ils s’assirent sur le canapé usé.

« Comment vas-tu ? » demanda Harold en essayant de faire la conversation.

Élise haussa les épaules. « J’ai connu des jours meilleurs. Les médecins disent que j’ai besoin de plus de repos, mais c’est difficile quand on est seul. »

Harold sentit une boule dans sa gorge. « Je suis désolé de ne pas avoir été plus présent, » dit-il doucement. « Je veux me rattraper. »

Élise le regarda longuement avant de hocher lentement la tête. « J’espère que tu es sincère, » dit-elle. « Parce que je n’ai plus beaucoup de temps. »

Harold passa les jours suivants à aider Élise dans la maison et à l’accompagner à ses rendez-vous médicaux. Il essaya de lui montrer qu’il était là pour elle, et non pour un éventuel héritage. Mais malgré ses efforts, Élise restait distante.

Un soir, alors qu’ils étaient assis sur le porche à regarder le coucher du soleil, Élise se tourna vers Harold avec des larmes dans les yeux. « J’apprécie ce que tu fais, » dit-elle doucement. « Mais je n’arrive pas à me défaire du sentiment que tu es ici parce que tu veux quelque chose de moi. »

Le cœur d’Harold se serra. « Ce n’est pas vrai, » insista-t-il. « Je t’aime, Grand-mère. »

Élise secoua tristement la tête. « J’aimerais pouvoir te croire, » dit-elle.

Quelques semaines plus tard, Élise s’éteignit paisiblement dans son sommeil. Harold était dévasté, non seulement par sa mort mais aussi par le fait qu’il n’avait jamais pu la convaincre de son amour et de son attention sincères.

Debout près de sa tombe pendant les funérailles, Harold ne pouvait s’empêcher de ressentir un profond sentiment de regret. Il avait essayé de réparer les choses, mais cela n’avait pas suffi.

En fin de compte, Harold n’hérita rien du patrimoine d’Élise. Mais la véritable perte n’était pas matérielle ; c’était l’occasion manquée de réparer leur relation avant qu’il ne soit trop tard.