« Depuis Sept Mois, Je Donne la Moitié de Mon Salaire à Mes Parents pour les Rénovations de la Maison : Je Suis Épuisée »
En grandissant en tant qu’enfant unique dans une petite ville de Normandie, moi, Camille, j’ai toujours ressenti le poids des attentes de mes parents sur mes épaules. Ma mère, Claire, était une boule de nerfs, s’inquiétant constamment de tout, de mes notes aux amis que je me faisais. Elle avait du mal à contrôler ses émotions, et son anxiété débordait souvent dans notre quotidien. Mon père, Jean, était tout l’opposé—calme, posé et souvent détaché. Ce contraste frappant entre eux créait une atmosphère tendue à la maison.
Dès mon plus jeune âge, mes parents ont essayé de contrôler chaque aspect de ma vie. Ils choisissaient mes vêtements, décidaient avec qui je pouvais être amie et dictaient même mes loisirs. Je me souviens avoir voulu rejoindre l’équipe de football à l’école primaire, mais ma mère a insisté pour que je prenne des cours de piano à la place parce qu’elle croyait que cela me rendrait plus « cultivée ». Mon père n’a pas objecté; il le faisait rarement face aux décisions de ma mère.
En grandissant, la pression n’a fait qu’augmenter. Au lycée, on attendait de moi que j’excelle académiquement et que je participe à des activités parascolaires jugées appropriées par mes parents. Ma vie sociale était pratiquement inexistante car je passais la plupart de mon temps à étudier ou à pratiquer le piano. Les quelques amis que j’avais étaient soigneusement sélectionnés par ma mère, qui trouvait toujours quelque chose à redire.
Quand j’ai obtenu mon bac et été acceptée dans une bonne université, j’ai pensé que les choses allaient changer. J’espérais que déménager me donnerait l’indépendance dont j’avais tant besoin. Mais même là-bas, l’influence de mes parents restait omniprésente. Ils m’appelaient tous les jours, parfois plusieurs fois par jour, pour prendre de mes nouvelles et me donner des conseils non sollicités. L’anxiété de ma mère semblait s’aggraver avec la distance, et l’indifférence de mon père ne faisait qu’ajouter à la complexité de la situation.
Après l’université, j’ai décroché un emploi décent dans le marketing et suis retournée vivre chez mes parents pour économiser de l’argent. C’est là que les vrais problèmes ont commencé. Notre maison était vieille et avait désespérément besoin de rénovations. Mes parents ont décidé que c’était le moment idéal pour commencer les travaux et s’attendaient à ce que je contribue financièrement. Au début, cela ne me dérangeait pas d’aider. Mais au fil des mois, leurs demandes sont devenues de plus en plus déraisonnables.
Depuis sept mois, je donne la moitié de mon salaire à mes parents pour les rénovations de la maison. Ce n’est pas seulement l’argent qui me vide; c’est la pression constante et le manque de reconnaissance. Ma mère n’est jamais satisfaite des progrès, trouvant toujours quelque chose de nouveau à critiquer ou à s’inquiéter. Mon père reste distant, reconnaissant rarement les sacrifices que je fais.
Je suis épuisée—physiquement, émotionnellement et financièrement. Je n’ai plus de temps ni d’énergie pour moi-même. Mes amis commencent à s’éloigner parce que je suis toujours trop occupée ou trop fatiguée pour sortir. J’ai même dû mettre mes propres rêves en suspens car je ne peux pas me permettre de les poursuivre en ce moment.
Le pire, c’est qu’il n’y a pas de fin en vue. Les rénovations semblent interminables et les attentes de mes parents continuent de croître. J’ai essayé de leur parler de ce que je ressens, mais cela se termine toujours en dispute. Ma mère m’accuse d’être ingrate, tandis que mon père hausse les épaules comme si ce n’était pas grave.
Je ne sais pas combien de temps encore je pourrai tenir. Chaque jour ressemble à une bataille et je perds la volonté de me battre. J’ai commencé à en vouloir à mes parents de m’avoir mise dans cette situation, mais je me sens aussi coupable d’éprouver ce ressentiment. Après tout, ce sont mes parents et ils m’ont élevée.
Mais à quel prix ? Combien dois-je encore sacrifier avant qu’ils ne réalisent que je ne suis pas seulement leur fille—je suis une personne avec mes propres besoins et rêves ? Pour l’instant, tout ce que je peux faire est de prendre les choses un jour à la fois et espérer qu’un jour ils comprendront.