De la Vie Réelle : « Quand J’étais Enfant, Tout le Monde Appelait Ma Mère une Mère Célibataire avec un ‘Boulet' »

Quand j’étais enfant, tout le monde dans notre petite ville appelait ma mère une mère célibataire avec un « boulet ». Le « boulet », c’était moi, son unique enfant. Je m’appelle Jacques, et voici mon histoire.

Ma mère, Sarah, avait seulement 22 ans quand elle m’a eu. Mon père est parti avant ma naissance, et elle a dû m’élever toute seule. Nous vivions dans une maison modeste à la périphérie de la ville. Ma mère travaillait deux emplois pour joindre les deux bouts, mais peu importe ses efforts, les gens semblaient toujours la juger.

À l’école, on me taquinait souvent à cause de ma situation familiale. « Ta mère est une mère célibataire, » disaient les enfants, comme si c’était un crime. Je ne comprenais pas pourquoi cela leur importait tant. Ma mère était mon héroïne ; elle travaillait sans relâche pour subvenir à nos besoins et ne se plaignait jamais.

Un jour, quand j’avais environ huit ans, j’ai entendu une conversation entre deux parents de mes camarades lors d’un événement scolaire. « C’est tellement dommage, » disait l’un d’eux. « Sarah est une fille si gentille, mais elle a ce boulet maintenant. Elle ne trouvera jamais un homme bien. »

Ces mots m’ont blessé. Je ne savais pas ce qu’ils voulaient dire par « boulet » à l’époque, mais je savais que ce n’était pas bon. Quand j’ai demandé à ma mère plus tard, elle a essayé de minimiser. « Les gens peuvent être cruels, Jacques, » dit-elle. « Mais nous nous avons l’un l’autre, et c’est ce qui compte. »

En grandissant, la stigmatisation me suivait partout. Au lycée, j’avais du mal à m’intégrer. J’étais toujours l’enfant avec la mère célibataire, celui qui n’avait pas de père pour venir aux événements père-fils ou aider avec les projets de scouts. Cela me faisait me sentir différent, isolé.

Ma mère continuait à travailler dur, mais le stress affectait sa santé. Elle développait des migraines chroniques et devait prendre des médicaments juste pour passer la journée. Malgré ses luttes, elle ne me montrait jamais sa douleur. Elle gardait toujours un visage courageux pour moi.

Quand j’ai eu 16 ans, j’ai trouvé un emploi à temps partiel pour aider avec les factures. Ce n’était pas grand-chose, mais cela me faisait sentir que je contribuais. Ma mère était fière de moi, mais je voyais l’inquiétude dans ses yeux. Elle ne voulait pas que je manque mon enfance à cause de nos circonstances.

Un soir, après une journée particulièrement difficile au travail, ma mère m’a fait asseoir. « Jacques, » dit-elle, « je veux que tu saches que rien de tout cela n’est ta faute. Les gens auront toujours leurs opinions, mais tu n’es pas un fardeau. Tu es ma plus grande bénédiction. »

Ses mots signifiaient tout pour moi, mais ils ne pouvaient pas effacer les années de douleur et de jugement que nous avions endurées. À l’approche de la remise des diplômes, j’ai réalisé que fuir notre petite ville était ma seule chance d’une vie meilleure. J’ai postulé dans des universités loin d’ici, espérant un nouveau départ.

J’ai été accepté dans une université à plusieurs centaines de kilomètres avec une bourse partielle. C’était un moment doux-amer ; j’étais excité pour l’avenir mais le cœur brisé de laisser ma mère derrière moi. Elle m’encourageait à partir, insistant sur le fait que c’était ma chance de me libérer de la stigmatisation qui nous avait hantés si longtemps.

L’université était un nouveau monde pour moi. Pour la première fois, je n’étais pas défini par ma situation familiale. Je me suis fait des amis qui ne se souciaient pas de mon passé et des professeurs qui voyaient du potentiel en moi. Mais peu importe la distance parcourue, les souvenirs de mon enfance persistaient.

J’appelais ma mère chaque semaine, et elle semblait toujours joyeuse, mais je savais qu’elle avait du mal sans moi. Un jour, pendant ma deuxième année d’université, j’ai reçu un appel de notre voisin à la maison. Ma mère s’était effondrée au travail et était à l’hôpital.

Je suis retourné dans notre ville aussi vite que possible. À mon arrivée à l’hôpital, les médecins m’ont dit que ma mère avait subi un AVC sévère. Elle était inconsciente et non réactive. Le stress et les années de surmenage avaient finalement eu raison d’elle.

Je suis resté à ses côtés pendant des jours, espérant qu’elle se réveillerait, mais elle ne l’a jamais fait. Ma mère est décédée paisiblement dans son sommeil, me laissant seul dans un monde qui nous avait toujours jugés.

Les mots que les gens utilisaient pour nous décrire—mère célibataire avec un « boulet »—résonnaient dans mon esprit alors que je me tenais près de sa tombe. Ils n’avaient aucune idée de combien elle était forte et aimante ou combien elle avait sacrifié pour moi.

En fin de compte, il n’y a pas eu de fin heureuse pour nous. La vie de ma mère a été écourtée par le poids du jugement de la société et la lutte incessante pour subvenir à mes besoins. Mais son amour et sa résilience seront toujours ma lumière guide.