« Pourquoi se soucier des prêts quand nous hériterons de vos maisons ? »
Roger était assis tranquillement sur le banc usé du parc, ses yeux suivant le chemin d’un écureuil solitaire grimpant à un arbre. Le parc était un havre de tranquillité dans la ville animée de Paris, un lieu où il aimait venir réfléchir et, comme aujourd’hui, rencontrer de vieux amis.
À ses côtés, son voisin de longue date, Guillaume, écoutait attentivement alors que Roger partageait sa dernière peine. À 68 ans, Roger avait fait face à de nombreux défis, mais aucun aussi douloureux que ceux impliquant sa fille, Zoé.
« Je ne comprends pas où j’ai pu me tromper, Guillaume, » soupira Roger, la voix empreinte d’émotion. « Je lui ai tout donné, je l’ai élevée tout seul après le décès de Martine. Et maintenant, elle ne vient me voir que pour se disputer à propos de mon testament. »
Guillaume secoua la tête, son expression empreinte d’empathie. « Les jeunes de nos jours semblent avoir des priorités différentes, Rog. Tout est question de ce qu’ils peuvent obtenir, pas de prendre soin des autres. »
Roger acquiesça, son regard tombant sur ses mains qui jouaient avec le bord de sa veste. « Elle m’a dit la semaine dernière : ‘Pourquoi se soucier des prêts quand nous hériterons de vos maisons ?’ Peux-tu croire ça ? Comme si tout ce que je représente pour elle est un futur paiement. »
Les mots avaient profondément blessé Roger. Zoé, autrefois une enfant brillante et aimante, était devenue de plus en plus distante et matérialiste au fil des années. Ses visites, autrefois remplies de rires et d’histoires, s’étaient réduites à de brèves rencontres tendues qui laissaient Roger se sentir plus comme une banque que comme un père.
« C’est déchirant, Roger. Peut-être est-il temps de penser à ton propre bonheur, » suggéra doucement Guillaume. « As-tu pensé davantage à cette communauté de retraités dont tu m’as parlé ? Celle près du lac ? »
Roger y avait en effet pensé. La brochure pour la Retraite du Lac était posée sur sa table de cuisine, ses pages marquées de notes et de dates potentielles pour une visite. La communauté offrait paix, compagnie et activités qui attiraient Roger, surtout maintenant.
« Oui, j’y ai pensé, » admit Roger. « Je pense que je vais y aller pour une visite la semaine prochaine. Peut-être même rester quelques jours pour voir comment je me sens. »
« Ça semble être un bon plan, » acquiesça Guillaume. « Tu mérites de profiter de tes années, pas de les passer à attendre que Zoé réalise ce qu’elle manque. »
À mesure que l’après-midi déclinait, les deux hommes se levèrent, leurs os craquant légèrement sous l’effort. Ils marchèrent lentement vers la sortie du parc, chacun perdu dans ses pensées.
Roger ressentait une pointe de tristesse pour la relation tendue avec sa fille, mais aussi une lueur d’espoir pour un nouveau chapitre. Peut-être à la Retraite du Lac, pourrait-il trouver une communauté qui le valoriserait pour ce qu’il est, et non pour ce qu’il possède.
Arrivé à sa voiture, Roger jeta un dernier regard au parc, les arbres se balançant doucement dans la brise, témoins silencieux de sa décision. Avec une profonde inspiration, il ouvrit la portière du conducteur, un sentiment de résolution s’installant dans son cœur.
Demain, il appellerait la Retraite du Lac. Et peut-être, juste peut-être, trouverait-il la paix qu’il recherchait tant.