« Avoir un enfant à 38 ans et éviter de le gâter ? Impossible » : Une mère face à son fils égoïste

À 38 ans, alors que la plupart de mes amis voyaient leurs enfants entrer au collège, je commençais tout juste le voyage de la maternité. Mon mari, Arnaud, et moi avions vécu plusieurs fausses couches déchirantes avant que notre fils, Philippe, n’arrive dans nos vies. C’était notre miracle, et c’est peut-être pour cela qu’il est devenu si difficile de ne pas lui donner le monde.

Philippe était un enfant vif dès le début, rapide à marcher et à parler, toujours avec une lueur de curiosité dans les yeux. En tant que parents pour la première fois à la fin de la trentaine, Arnaud et moi avons lu tous les livres sur l’éducation que nous pouvions trouver, assisté à des ateliers et sollicité des conseils auprès d’amis et de la famille. Malgré nos efforts, ou peut-être à cause d’eux, Philippe est devenu un enfant exigeant, habitué à obtenir ce qu’il voulait, quand il le voulait.

À l’âge de cinq ans, Philippe avait plus de jouets qu’il ne pouvait en utiliser et un emploi du temps chargé d’activités : leçons de piano, entraînement de football, cours de natation. Nous pensions lui offrir le meilleur en remplissant ses journées d’opportunités que nous n’avions jamais eues. Mais nos carrières chargées signifiaient que ces activités étaient souvent des substituts au temps passé avec lui. Notre nounou, Alexia, est devenue sa principale gardienne, et Philippe a appris à manipuler son affection pour obtenir ce qu’il voulait.

Les vrais problèmes ont commencé lorsque Philippe a commencé l’école. Ses enseignants rapportaient qu’il avait du mal à partager et perturbait souvent la classe pour attirer l’attention. Chaque réunion avec les enseignants était un coup dur pour notre cœur, un rappel flagrant que quelque chose n’allait pas. Nous avons essayé d’établir des limites et d’appliquer des règles, mais les crises de colère de Philippe nous épuisaient. Épuisés par le travail et rongés par la culpabilité, nous cédions souvent, annulant tout progrès que nous aurions pu réaliser.

À mesure que Philippe grandissait, son comportement égoïste s’intensifiait. Il exigeait les derniers gadgets, des vêtements de marque et des fêtes d’anniversaire extravagantes. Si nous hésitions, il piquait des crises, nous accusant de ne pas l’aimer ou nous comparant défavorablement aux parents de ses amis. Notre vie familiale est devenue une série de négociations et de disputes, drainant la joie de notre foyer.

Lorsque Philippe a eu treize ans, nous avons atteint un point de rupture. Après une dispute particulièrement violente à propos d’un voyage annulé en raison de ses mauvaises notes, Philippe a crié qu’il nous haïssait et est sorti en trombe. Les heures se sont transformées en jours, et malgré nos recherches frénétiques et nos appels à ses amis, Philippe était introuvable. Ce fut la semaine la plus longue et la plus terrifiante de notre vie jusqu’à ce qu’il rentre finalement chez lui, indemne mais défiant.

Assis en face de lui à la table de la cuisine, Arnaud et moi avons réalisé que nos tentatives pour lui donner tout avaient échoué. Nous avions l’intention de le préparer pour le monde, mais au lieu de cela, nous l’avions protégé des réalités de la vie. Maintenant, nous faisions face à un fils qui connaissait peu la responsabilité ou l’empathie, des traits qu’aucune somme d’argent ou parentalité tardive ne pourrait rapidement inculquer.

Alors que nous cherchons de l’aide professionnelle pour guider Philippe et réparer notre dynamique familiale, je réfléchis souvent à notre parcours. La joie d’avoir enfin un enfant était assombrie par nos craintes de le décevoir. En essayant de perfectionner son monde, nous avons négligé les leçons essentielles d’amour et de limites. La route à venir est incertaine, et bien que je garde espoir, je sais que certaines leçons arrivent trop tard.