« À 65 ans, elle épouse son amour de jeunesse. Leurs enfants boudent le mariage »
Claire a toujours cru au dicton : « Il n’est jamais trop tard pour aimer. » À 65 ans, elle se remémorait sa jeunesse, les rêves qu’elle avait autrefois et les chemins qu’elle avait empruntés. Parmi ces souvenirs figurait Jean, un garçon qu’elle connaissait depuis l’âge de cinq ans. Leurs vies avaient divergé après le lycée — Claire était partie à l’université et Jean avait intégré le monde du travail — mais ils s’étaient retrouvés lors d’une réunion communautaire l’année précédente.
L’étincelle entre eux était indéniable. Après plusieurs mois de fréquentation, Jean avait demandé Claire en mariage, et celle-ci, ressentant un regain d’espoir juvénile, avait accepté. Ils avaient prévu un petit mariage intime dans leur ville natale en Bourgogne, espérant rassembler leurs amis et leur famille les plus proches.
Cependant, l’annonce du mariage avait suscité des réactions mitigées. Les enfants de Claire, Julien et Giselle, avaient exprimé leurs réserves. « Maman, es-tu sûre de cela ? Tout cela semble si précipité, » avait dit Julien au téléphone. Giselle, vivant de l’autre côté du pays, était encore plus distante, envoyant seulement un message laconique : « Tous mes vœux de bonheur, Maman. »
Malgré la tiédeur de leurs enfants, Claire et Jean avaient poursuivi leurs plans. Ils sentaient que c’était peut-être leur dernière chance de bonheur et ils voulaient la saisir, même sans la bénédiction de leurs enfants.
Le jour du mariage était clair et frais, avec les feuilles d’automne colorant le sol de teintes ardentes. La petite chapelle était simplement décorée de fleurs sauvages et de rubans. Alors que Claire avançait dans l’allée, son cœur était lourd de l’absence de Julien et Giselle. Jean, remarquant sa détresse, lui avait serré la main pour la rassurer.
La cérémonie était douce-amère. Le couple échangeait des vœux, promettant de se chérir pour les chapitres restants de leur vie. La petite foule applaudissait, mais la joie était assombrie par les sièges vides destinés à Julien et Giselle.
Lors de la réception, Claire tentait de masquer sa tristesse par un sourire, mais la tension était évidente. Les conversations avec les invités étaient ponctuées de demandes polies concernant ses enfants, auxquelles elle ne pouvait répondre que : « Ils n’ont pas pu venir. »
Au fur et à mesure que la soirée avançait, Claire ressentait un sentiment croissant d’isolement. La réalisation que son nouveau départ était marqué par la désapprobation de ses enfants pesait lourdement sur elle. Jean ressentait également le pincement, ses propres parents ayant chaleureusement accueilli Claire.
Le lendemain matin, les jeunes mariés s’asseyaient à leur table de petit-déjeuner, le silence lourd entre eux. « Peut-être avons-nous précipité les choses, » dit finalement Claire, d’une voix à peine audible.
Jean tendait la main de l’autre côté de la table, prenant la sienne. « Nous avons fait ce qui nous semblait juste, Claire. J’aurais juste aimé qu’ils puissent voir à quel point nous sommes heureux ensemble. »
Mais le bonheur était teinté de regret. Claire ne pouvait s’empêcher de penser qu’en choisissant cette nouvelle vie avec Jean, elle pourrait avoir perdu ses enfants pour toujours. La rupture semblait aussi large qu’un gouffre, et aucun amour entre deux vieux amis ne pouvait le combler complètement.