Récits de Vie : « Je n’aime pas faire la vaisselle, mais Sophie regardait sa série en boucle, et l’évier débordait, alors je suis intervenu »
C’était un samedi soir frisquet lorsque j’ai décidé de rendre visite à mon ami Guillaume, qui vivait à seulement un pâté de maisons de mon appartement dans un quartier résidentiel tranquille. En approchant de leur charmante maison peinte en bleu, j’ai remarqué que les rideaux étaient tirés et une douce lumière de télévision scintillait à travers la fenêtre du salon. J’ai sonné à la porte, à moitié en m’attendant à ce qu’ils soient occupés ou pas d’humeur à recevoir des visiteurs, mais c’est Sophie, la femme de Guillaume, qui m’a accueilli.
Sophie, les cheveux attachés négligemment et vêtue de ses vêtements confortables, semblait quelque peu épuisée mais a tout de même réussi à esquisser un faible sourire. « Salut, Roy. Guillaume est dans la cuisine, » dit-elle, sa voix teintée d’une pointe de frustration. Je l’ai remerciée et me suis dirigé vers la cuisine, curieux de savoir ce que Guillaume pouvait bien faire pour que Sophie semble si défaite.
En entrant dans la cuisine, la scène qui m’a accueilli était à la fois réconfortante et légèrement comique. Guillaume, d’ordinaire si posé et indifférent aux tâches domestiques, se tenait au-dessus de l’évier, les manches retroussées, s’attaquant à un tas de vaisselle sale qui semblait s’être accumulé sur plusieurs jours. L’évier débordait et chaque comptoir était encombré de casseroles, de poêles et d’ustensiles.
« Hé, Guillaume, je ne t’aurais jamais pris pour un type à faire la vaisselle, » ai-je plaisanté en m’appuyant sur le chambranle de la porte, l’observant.
Guillaume a levé les yeux, un peu surpris, puis a esquissé un sourire ironique. « Ouais, eh bien, Sophie est prise par sa nouvelle série, et ça, » il a fait un geste vers le chaos autour de lui, « a commencé à dégénérer. J’ai pensé que je devrais aider à nettoyer avant que ça ne devienne un risque biologique. »
J’ai ri et demandé : « Tout va bien entre vous deux ? Tu as l’air un peu à côté de tes pompes. »
Il a soupiré, frottant un plat à gratin particulièrement récalcitrant. « Je suppose que nous sommes juste un peu déphasés dernièrement. Elle est absorbée par ses séries, et j’ai été occupé par le travail. On ne parle pas vraiment beaucoup, et quand on le fait, c’est à propos de trucs comme ça, » dit-il en hochant la tête vers la pile de vaisselle.
La conversation s’est interrompue alors que Guillaume continuait sa tâche. Le bruit du frottement remplissait la cuisine, mélangé aux dialogues distants de la série télévisée de Sophie. Après quelques minutes, il a rincé la dernière assiette et s’est essuyé les mains, son expression plus sombre que lorsque j’étais entré.
« Tu sais, Roy, je pensais que faire cette vaisselle pourrait un peu améliorer les choses, lui montrer que j’essaie. Mais ça semble juste… je ne sais pas, insuffisant ? » Sa voix s’est éteinte, remplie d’un mélange de désespoir et de résignation.
Je ne savais pas quoi dire. Il était clair que les problèmes entre eux étaient plus profonds qu’un évier débordant de vaisselle sale. En quittant leur maison ce soir-là, l’image de Guillaume seul dans la cuisine restait dans mon esprit. C’était un rappel frappant de la façon dont les petits gestes, souvent destinés à être des solutions, peuvent parfois mettre en lumière de plus grands fossés.
Le chemin du retour à la maison semblait plus long que d’habitude, l’air frais faisant peu pour dissiper les pensées lourdes sur le mariage troublé de mon ami. Il semblait qu’en essayant de nettoyer un petit désordre, Guillaume avait découvert un problème bien plus grand, et je me demandais s’ils retrouveraient un jour leur chemin l’un vers l’autre ou si la distance entre eux, comme la pile de vaisselle, continuerait simplement à grandir.