« Il n’y a personne d’autre pour les garder que toi » : dit la fille à sa mère
Delphine était assise sur le canapé usé, la tête enfouie dans ses mains. Le bruit venant du salon était assourdissant. Romain et Michel étaient encore en train de courir partout, de sauter des meubles et de crier à tue-tête. Elle entendit le bruit de quelque chose se briser, suivi d’un cri fort.
« Maman ! Romain m’a frappé ! » La voix de Michel perça à travers le chaos.
Delphine soupira profondément, sentant le poids de l’épuisement peser sur ses épaules. Elle s’occupait de ses petits-fils depuis six mois, depuis que sa fille Pénélope les avait déposés avec une explication hâtive et une promesse de revenir bientôt. Mais « bientôt » s’était transformé en une période indéfinie, et Delphine devait gérer les garçons toute seule.
« Il n’y a personne d’autre pour les garder que toi, » avait dit Pénélope avant de se précipiter vers la porte. Delphine avait voulu protester, dire à sa fille qu’elle était trop vieille et trop fatiguée pour s’occuper de deux garçons turbulents, mais les mots étaient restés coincés dans sa gorge.
Maintenant, alors qu’elle se traînait hors du canapé et se dirigeait vers le salon, elle se demandait combien de temps elle pourrait encore tenir. La pièce était une zone sinistrée. Des jouets étaient éparpillés partout et un vase brisé gisait en morceaux sur le sol. Romain se tenait au-dessus de Michel, qui serrait son bras en pleurant.
« Romain, qu’est-ce que je t’ai dit à propos de frapper ton frère ? » La voix de Delphine était sévère, mais à l’intérieur elle ressentait une pointe d’impuissance.
« C’est lui qui a commencé ! » cria Romain en retour, le visage rouge de colère.
Delphine s’agenouilla à côté de Michel et examina son bras. Il ne semblait pas cassé, mais une vilaine ecchymose commençait à se former. Elle le prit dans ses bras, essayant d’apaiser ses sanglots.
« Romain, va dans ta chambre, » dit-elle fermement. « Maintenant. »
Romain partit en traînant les pieds, marmonnant dans sa barbe. Delphine le regarda partir, ressentant un mélange de frustration et de tristesse. Elle aimait profondément ses petits-fils, mais leurs disputes constantes et leur mauvais comportement l’épuisaient.
Elle aida Michel à se lever et l’emmena à la cuisine. Elle devait nettoyer le désordre dans le salon, mais d’abord, elle devait s’assurer que Michel allait bien. Elle l’assit à la table et prit une poche de glace du congélateur.
« Tiens, mets ça sur ton bras, » dit-elle doucement.
Michel renifla et fit ce qu’on lui disait. Delphine s’assit en face de lui, sentant une vague de fatigue l’envahir. Elle souhaitait que Pénélope revienne et prenne le relais. Elle souhaitait un moment de paix et de tranquillité.
Mais ces souhaits semblaient aussi lointains que jamais. Les jours se confondaient dans un brouillard de bruit et de chaos. Delphine faisait de son mieux pour occuper les garçons avec des jeux et des activités, mais leur énergie semblait sans limites. Ils se disputaient constamment, et elle passait la plupart de son temps à jouer les arbitres.
Un après-midi, Delphine emmena les garçons au parc, espérant que l’air frais leur ferait du bien. Mais il ne fallut pas longtemps avant que Romain ne pousse un autre enfant hors de la balançoire et que Michel ne se dispute avec un groupe d’enfants pour un ballon de football.
« Pourquoi ne pouvez-vous pas vous comporter correctement ? » cria Delphine avec exaspération en les ramenant à la maison.
Les autres parents au parc lui avaient lancé des regards désapprobateurs, et elle ressentit un profond sentiment de honte. Elle voulait s’excuser auprès d’eux, mais il n’y avait pas le temps. Elle devait ramener Romain et Michel à la maison avant qu’ils ne causent plus de problèmes.
De retour à la maison, Delphine s’effondra une fois de plus sur le canapé. Les garçons étaient dans leurs chambres, boudeurs après avoir été grondés. Elle ferma les yeux et essaya d’ignorer le bruit de leurs disputes.
Elle pensa à appeler Pénélope, la suppliant de revenir et de prendre ses responsabilités envers ses enfants. Mais elle savait que ce serait futile. Pénélope avait toujours été volage et peu fiable. Delphine l’avait élevée seule après le départ de son mari, et maintenant il semblait qu’elle était destinée à élever aussi ses petits-fils seule.
Les jours se transformèrent en semaines, et l’épuisement de Delphine s’accentua. Un soir, alors qu’elle préparait le dîner, elle entendit un grand fracas venant du salon. Son cœur se serra alors qu’elle se précipitait pour trouver Romain et Michel en train de se battre par terre, entourés de verre brisé provenant d’un cadre photo éclaté.
« Ça suffit ! » cria-t-elle en les séparant.
Mais c’était inutile. Les garçons étaient incontrôlables, et Delphine se sentait impuissante à les arrêter. Elle s’effondra sur le canapé une fois de plus, des larmes coulant sur son visage.
Il n’y avait personne d’autre pour les garder qu’elle. Et elle ne savait pas combien de temps elle pourrait encore tenir.